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    L'immeuble Le Signal, à Soulac-sur-mer (Gironde), n'est plus qu'à 20 mètres à peine d'une falaise de sable.

    Sept départements de l'Ouest et du Sud-Ouest ont été placés en vigilance orange vagues-submersion jusqu'à samedi matin, a annoncé vendredi 28 février Météo France. Ces nouvelles intempéries entraînent des risques pour un littoral déjà fragilisé après la succession de tempêtes qui ont frappé la côte depuis le début du mois de janvier.

    Pour Catherine Meur-Férec, géographe à l'Institut universitaire européen de la mer de l'université de Brest (Finistère), estime que l'érosion du littoral, amplifiée par une urbanisation massive en bord de mer, va s'accélérer dans les années futures, causant « des dommages plus fréquents et plus élevés ». Il faudra alors « changer les mentalités » et « internaliser le coût du risque ».

    Pourquoi le littoral français est-il si vulnérable aux tempêtes ?

    Catherine Meur-Férec : Le littoral français est plus vulnérable qu'il y a cinquante ans. La première raison réside dans l'installation de biens (habitations, commerces, etc.) à proximité de la mer, une urbanisation qui s'est accélérée durant les Trente glorieuses avec la démocratisation du tourisme balnéaire et la périurbanisation près du littoral. Or, la côte est un élément naturel en mouvement. Les dunes, les plages ou les galets font l'objet d'une dynamique intense sous la force de la mer et des vents. En cas de houle de tempête, la dune lâche du sable à la mer – on peut alors perdre jusqu'à dix mètres sur le littoral – qu'elle récupère lors des houles de beau temps.

    En durcissant la ligne de rivage, on empêche ces échanges naturels de sédiments. Quand des houles de tempêtes arrivent sur une digue, par exemple, elles emportent le sable non pas des dunes mais de la plage, qui s'amaigrit. Les vagues fragilisent également les constructions en les touchant directement. Au final, le littoral s'érode et recule. On estime qu'un quart du trait de côte métropolitain, soit 1720 kilomètres, recule du fait de l'érosion marine. Ce grignotage, ainsi, que la présence de zones au-dessous du niveau de la mer, entraîne des risques de submersion, c'est-à-dire d'inondations temporaires des habitations et des activités humaines. Selon le ministère de l'écologie, 5900 km2 de terres se situent sous le niveau d'une crue centennale.

    Lire le décryptage : Derrière la tempête, la menace persistante de l'érosion du littoral

    Au-delà de l'urbanisation, la vulnérabilité croissante du littoral est également due au changement climatique. Les enregistrements des marégraphes montrent que l'eau monte à raison de 1,5 mm par an depuis 1880, et de 3 mm depuis les dernières décennies. Les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) indiquent que cette accélération va se poursuivre avec une hausse qui pourrait atteindre jusqu'à 1 mètre d'ici à la fin du siècle.

    L'accélération de l'érosion est donc un phénomène appelé à perdurer ?

    La situation ne va pas s'arranger du fait de cette élévation du niveau de la mer, mais aussi de la pénurie de sédiments. Le sable qui constitue nos plages est un héritage des glaciations du Pléistocène. Tant qu'il n'y aura pas de grand épisode de froid, il n'y aura pas de nouvel apport. Les sédiments ne se renouvellent pas de façon automatique à l'échelle humaine mais à l'échelle géologique. Leur disparition est également due à des raisons humaines : pendant des années, on a fortement entamé les stocks de sable, notamment pour la construction. L'érosion va s'accéler, et on va avoir des dommages plus fréquents et plus élevés.

    Quels sont les territoires les plus menacés par les risques d'érosion et de submersion ?

    La maison de l’Amélie, à Soulac-sur-Mer (Gironde), toute proche du vide en raison de l'érosion. Lundi 6 janvier, des engins travaillaient à renforcer la falaise de sable.

    C'est difficile à dire. La côte aquitaine, exposée plein Ouest, subit toutes les grandes houles de plein fouet. Les mouvements de sable y sont très spectaculaires, comme à Soulac-sur-mer (Gironde), mais on peut aussi avoir des reconstitutions de plages.

    La façade atlantique n'est pas forcément la plus touchée. Le Languedoc-Roussillon est lui aussi menacé avec une forte densité de population située sur des lidos, des cordons de sable entourés de mer et d'étangs. Une partie du Nord-Pas-de-Calais est aussi fragile, avec des zones très basses et densément peuplées. Enfin, les villes situées sur un estuaire sont vulnérables, car elles risquent d'être submergées à la fois par les hauts niveaux de la mer mais aussi des cours d'eau. Cela a été le cas à la Faute-sur-mer (Vendée), pendant la tempête Xynthia.

    Estimez-vous que les Français ont davantage conscience de ces risques depuis le passage de la tempête Xynthia en février 2010 ?

    Le changement n'est pas si net que cela. Il est certain que Xynthia, qui a fait 53 morts, a traumatisé les populations vivant sur les côtes qui ont été balayées par la tempête. Mais les autres habitants, mêmes s'ils sont conscients des risques, ne pensent pas qu'une telle catastrophe pourrait les toucher. Il s'agit d'un phénomène classique de mise à distance du risque pour pouvoir continuer à habiter dans une zone dangereuse.

    Surtout, les plaisirs et loisirs qu'ils retirent de la vie en bord de mer prennent le pas, à leur yeux, sur le danger qu'elle constitue. Au final, depuis Xynthia, il n'y a pas de changement dans le fait de vouloir habiter près du rivage : la demande de constructions reste très forte et la valeur des terrains à proximité de l'eau n'a pas baissé. Les Français ne sont pas prêts à quitter le littoral.

    Les mesures prises pour gérer les risques liés à l'érosion et aux tempêtes ont-elles été efficaces ?

    Les risques d'inondation, submersion marine et érosion sont couverts depuis 1995 par des plans de prévention des risques naturels (PPRn), dotés d'un fonds (le Fonds Barnier). Mais ils n'ont pas été suffisamment appliqués par les communes. La tempête Xynthia a provoqué un coup d'accélérateur notamment par l'établissement de la liste des communes prioritaires par les Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dréal). Mais la mise en place de ces PPR est très longue en raison du panel d'acteurs qu'elle fait intervenir (Etat, collectivité, citoyens) et des difficultés qu'elle pose (interdire de la construction dans des zones où la pression foncière est très forte).

    Le plan digue, annoncé par Nicolas Sarkozy juste après Xynthia, n'a pas abouti : on n'a pas les moyens de construire des digues sur les 5 500 kilomètres de côtes. Il a été transformé d'une part en des Plans de submersions rapides (PSR) qui doivent financer des ouvrages de protection, et d'autre part en des Plans d'aménagement pour la prévention des inondations (PAPI), qui s'appliquent à des zones territoriales plus larges et intègrent une réflexion sur l'aménagement du territoire.

    Fin décembre 2012, cinq collectivités locales de métropole et d'outre-mer ont également été retenues par un appel à projets du ministère de l'écologie, dans le cadre d'une stratégie nationale de gestion du trait de côte, pour mener des démarches pilotes de relocalisation des activités et des biens menacés par les risques littoraux. Leur démarche sera financée à hauteur de 600 000 euros sur deux ans. Mais pour l'instant, il ne s'agit que d'une expérimentation.

    Quels ont été les freins à une application plus efficace de ces plans ? 

    Photo prise le 9 avril 2009 de bungalows d'un camping en bord d'océan, à Soulac-sur-Mer (Gironde), secteur particulièrement sensible au phénomène d'érosion.

    Les enjeux sont très importants sur le littoral tant la pression foncière est énorme. Déclarer un terrain inconstructible, c'est faire face à une grosse perte financière pour les propriétaires mais aussi pour les élus qui cherchent à attirer des habitants et des investissements. Et comme il s'agit de gérer des incertitudes, on peut toujours se dire que le pire n'arrivera pas. Mais en cas de catastrophe naturelle, les habitants se retournent contre les autorités qui ont délivré les permis de construire...

    Il est également difficile de savoir qui est responsable. Au nom d'une loi de 1807, l'Etat n'a pas d'obligation de protéger le trait de côte – même s'il peut se décider à intervenir. Les propriétaires riverains doivent payer pour se protéger. Mais en réalité, ce sont les collectivités, avec l'aide de l'Etat, qui payent la prévention des risques et les réparations en cas de catastrophe. Le coût du risque est aujourd'hui public et non pas privé.

    Comment améliorer la prévention et la gestion des risques sur le littoral ?

    On a assez de plans, même trop, vis-à-vis des élus qui sont perdus face à cette organisation très complexe. Il faut surtout changer les mentalités, reconnaître la notion de danger de la mer et arrêter de construire si près du rivage. Cela peut passer par l'éducation à l'environnement et aux risques du littoral dès l'école.

    Mais cette évolution sera difficile tant les enjeux financiers sont énormes. On va peut-être devoir un jour internaliser les coûts du risque, taxer ceux qui tirent un bénéfice de cette localisation très particulière en bord de mer. Il pourra par exemple s'agir de faire payer aux résidences de vacances le coût de la restauration de la digue et de la plage. Sans cela, on va bientôt arriver au bout du système de solidarité et de prise en charge publique des risques littoraux.

     Audrey Garric
    Journaliste multimédia

    "Le Monde"

     

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  • Communauté de communes / Conseil : compte-rendu 27/02/201

    Le conseil de communauté s’est réuni salle Cap Caval de Penmarc’h, le jeudi 27 février 2014 à 18 h 30.

    Ordre du jour
    • Avis du conseil de communauté sur le projet arrêté du SCoT d’Ouest Cornouaille
    • ZA du Sequer Nevez, vente de terrain
    • Convention avec OUESCO et le Conservatoire du Littoral
    • Création d’une régie de recettes (stade)
    • Compte administratif 2013
    • Affectation des résultats
    • Mise à jour du tableau des effectifs communautaires
    • Fiscalité locale, vote des taux
    • Budget Primitif 2014
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  • Débat d’Orientation Budgétaire

    Suite au Conseil Municipal du 18 février 2014, voici le Débat d’Orientation Budgétaire.

    Débat d’Orientation Budgétaire SYMBOLE-web-150x150-compte-rendu-Conseil

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  • Une borne de recharge des véhicules électriques et hybrides sera prochainement installée sur le parking du stade à Combrit.

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  • Rambarde de l’ancienne  Coop :

    Sanitaires du Port de Plaisance

    Chapelle Sainte-Marine :

     

     

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