• Le geai des chênes, un nuisible ?

     

    Il cocarde. il cajole, il fringote... Le geai des chênes est aussi bavard que sa cousine la pie. Il sait être aussi prévoyant que la fourmi sa voisine. Espèce nuisible ou acteur de la biodiversité ? Un prochain arrêté du ministère de l'Ecologie va sceller son destin pour trois ans.



    Le geai des chênes, un nuisible ?
     
    Des glands pour les disettes d'hiver ? Alors que l'automne s'achève et que les glands des chênes tombent à terre, l'écureuil n'est pas le seul animal à en faire provisions. Le geai des chênes s'aventure souvent à l'exercice lorsque les glands pullulent. Un à un, il les attrape dans son bec et va les cacher sous des feuilles mortes. Et à l'hiver, il les recherche. Reste que l'oiseau ne se souvient pas toujours de ses meilleures cachettes ! De ces petits oublis, de grands chênes : les glands délaissés par ce corvidé prennent racines.

    Le geai des chênes est un oiseau omnivore

    Le geai des chênes est omnivore. Côté végétaux, il fait ses délices des glands, des faines, des fruits et des baies. Il tâte des graines de céréales et des fruits des vergers quand l'occasion se présente. Côté faune, il est aussi un carnassier qui chasse petits rongeurs, insectes ou lézards. Et, il n'hésite pas à faire son marché dans les nids d'autres petits oiseaux à la belle saison. Il n'y loupe ni leurs oeufs, ni leurs poussins.

    L'espèce est commune en France. Souvent sédentaire, parfois migratrice l'été fini. Mâle ou femelle, ce corvidé déploie de jolies ailes bleues striées de noir et de blanc. Ces couleurs tranchent sur son dos oscillant entre le rose et le brun. Sur sa tête grise et noire, ses plumes se dressent parfois en une huppe arrondie.

    Le geai des chênes niche en couple solitaire. Entre avril et juin, la femelle pond de trois à sept œufs. Après seize jours d'incubation assuré par la belle, les oisillons sortent de leurs coquilles. Les jeunes quittent le nid et prennent leur envol vingt ou trente jours après leur éclosion.

    Comme le renard, le geai est parfois considéré espèce nuisible

    Si le geai des chênes est protégé en Belgique, il ne l'est pas en France. De fait, il ne figure pas sur la liste des oiseaux protégés. En conséquence, le chasser n'est pas hors la loi. Jusqu'à présent, l'espèce pouvait même être classée nuisible sur certains territoires par arrêté préfectoral. A l'instar du renard, de la belette, de la fouine, de la martre, du putois, du corbeau freux, de la pie bavarde et de l'étourneau sansonnet...

    Pourquoi classer une espèce nuisible ? Son inscription sur la liste noire doit être justifiée par l’un des 4 motifs rappelés au R.427-6 du code de l'environnement :
    Dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique ;
    Pour assurer la protection de la flore et de la faune ;
    Pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles ;
    Pour prévenir les dommages importants à d’autres formes de propriété, sauf pour les espèces d’oiseaux.
    De plus, elle doit tenir compte de la situation locale.

    Mais la donne va bientôt changer. De fait le ministère de l'Ecologie révise justement la copie des textes de loi relatifs aux espèces dites nuisibles. Deux arrêtés ont déjà été publiés le 3 avril 2012. Le premier concernait des animaux d'espèces invasives classées nuisibles sur l'ensemble du territoire métropolitain (1) ; le second des animaux d'espèces pouvant être classées nuisibles par arrêté préfectoral annuel (2).

    A l'instar du renard, de la belette, de la fouine, de la martre, du putois, du corbeau freux, de la corneille noire, de la pie bavarde et de l'étourneau sansonnet, le geai des chênes va être soumis à un troisième arrêté. Le projet de cet arrêté ministériel ne laissera plus aux préfets chaque année le soin de déclarer chasse ouverte à ces espèces sur leurs territoires respectifs. Il va déterminer une fois pour toutes pour trois ans où et quelle espèce le sera.

    Nuisible ou acteur de la biodiversité ?

    Le projet est jusqu'au 24 juillet prochain soumis à consultation publique sur le site Internet du ministère. Souris en main, d'un clic, chacun peut donc donner son avis sur son opportunité ou non. Un geste que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) appelle à réaliser : elle est opposée à ce projet.

    "Ce classement est injustifié pour de nombreuses espèces qui n'ont souvent pour seul tort que de déranger les intérêts de la chasse, argue-t-elle sur son site. Cette consultation nous donne une occasion supplémentaire pour affirmer notre désaccord face à cette réglementation. Pour donner du poids à notre action il faut que l'ensemble des adhérents et sympathisants se mobilisent massivement en répondant à cette consultation."

    Et la LPO de donner quelques billes pour argumenter son opposition. Pour le geai des chênes, elle remarque que l'oiseau, loin d'être nuisible, est un planteur de chênes. Acteur donc de la biodiversité de la flore métropolitaine.

    Selon le projet, le geai des chênes sera déclaré nuisible sur l'ensemble de deux départements, Alpes de Haute Provence et du Var, et de quelques cantons des Alpes-Maritimes. Les geais des chênes vivant au Pays Basque ne craindront donc rien. Par contre, dans les Pyrénées-Atlantiques, la fouine, la martre, le renard, la corneille noire, la pie bavarde et l'étourneau sansonnet s'attireront les foudres, classés nuisibles.

    (1) le chien viverrin, le raton laveur, le vison d’Amérique, le ragondin, le rat musqué et la bernache du Canada.
    (2) le sanglier, le lapin de garenne et le pigeon ramier.

     

    Virginie Bhat in "http://www.xoriburu.info"
    Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :