• Pour une pêche à pied en toute sécurité

    Pêche à piedPêche à pied sur l'estran

    Avec la saison estivale qui bat son plein, les pêcheurs à pied se font plus nombreux. Où pratiquer la pêche à pied sans risque en Bretagne ? Pour le savoir, rendez-vous sur www.pecheapied-responsable.fr.

    L'Agence régionale de santé en Bretagne et l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) ont mis à jour sur ce site Web les fiches « qualité sanitaire des coquillages » d'une centaine de sites de pêche à pied de loisir en Bretagne.

    Près d'un tiers des sites sont interdits à la pêche de façon permanente. D'autres sites font l'objet d'interdictions temporaires. Il est donc important de s'informer pour une pratique en toute sécurité.

    En savoir plus :

    http://www.pecheapied-responsable.fr/

     

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  • La pêche au bar est partiellement interdite, pour préserver la ressource. Une mesure d'urgence européenne qui perturbe les armements de l'Ouest.

    Un sujet de débat pour le Salon des pêches qui se tient à Nantes.

    Pourquoi ? Comment ?

    Pourquoi la pêche au bar est-elle interdite aux professionnels ?

    Parce que la ressource est mal en point. On entre dans la période de fraie, c'est-à-dire de reproduction, jusqu'à fin avril. L'Europe a pris cette mesure d'urgence face à deux phénomènes. Depuis les années 1990, la pêche professionnelle a quadruplé ses captures, le gisement s'étant plutôt développé jusqu'en 2010. Mais depuis 2010, il y a une accélération de la mortalité des jeunes. « On n'est pas encore rendu à un niveau exceptionnellement bas du stock, mais la vitesse de la décroissance fait peur », explique Mickaël Drogou, du département sciences et technologies halieutiques d'Ifremer. Une capture qui se développe et une ressource qui fond : les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme en 2012, 2013 et 2014. Des discussions ont eu lieu chaque année pour faire baisser les quotas de capture. Elles n'ont pas abouti. D'où la mesure d'urgence prise en 2015.

    Pourquoi une mesure spécifique aux chalutiers pélagiques ?

    À ce jour, seule la pêche au chalut pélagique est interdite, ce chalut tiré par deux bateaux en parallèle. Elle totalise 27 % des volumes et 5 000 tonnes par an, grâce à une trentaine de navires en Pays de la Loire et 50 en Bretagne qui embarquant quatre ou cinq marins et ciblent l'espèce en hiver, essentiellement en Manche et dans le golfe de Gascogne. L'économie de ces navires dépend aujourd'hui largement de cette seule espèce. « Le bar c'est 80 % de mon chiffre annuel », explique Sébastien, patron pêcheur à La Turballe (Loire-Atlantique). Les pélagiques sont les premiers touchés par une interdiction car c'est la pêche qui intervient le plus tôt dans la saison. Mais d'autres mesures d'urgence sont à l'étude par la Commission européenne pour les autres pêches professionnelles (chalut de fond, ligneur...) ou de loisir.

    Zone de pêche du bar.

    Pourquoi les plaisanciers sont-ils épargnés par toute interdiction ?

    La pêche de loisir en mer compte 1,3 million de pratiquants en France qui sortent en moyenne six jours par an. À peine 30 % d'entre eux déclarent sortir un bar par an. « Les plaisanciers pêchaient 3 000 tonnes il y a deux ans, estime Jean Kiffer, le président de la Fédération des pêcheurs plaisanciers et sportifs. Mais depuis, la taille minimale est passée de 36 cm à 42 cm. Donc les prélèvements ont mécaniquement baissé. » Et maintenant que la pêche est interdite aux pélagiques, Jean Kiffer fait passer le message aux plaisanciers de suspendre la pêche au bar pendant la période de fraie. Pour lui, 95 % des pêcheurs de loisir ne font peser aucune menace sur la ressource. « Pour un pêcheur de loisir, le prix de revient du bar varie entre 100 et 200 € le kilo, dont 45 % de taxes. » Ça calme les ardeurs. Restent 5 % : « Des viandards sans scrupule. Aux affaires maritimes de les contrôler et de les sanctionner ! »

    La mesure draconienne garantit-elle la pérennité de l'espèce ?

    Il faut prendre des mesures, affirme les scientifiques d'Ifremer. « Mais ce n'est pas une science exacte. La qualité de la ressource dépend de la pression de la pêche mais aussi des conditions hydro climatiques », prévient Ronan Le Goff, d'Ifremer. Le bar se développe dans des nourriceries, notamment dans les estuaires. Un hiver très froid y génère une mortalité importante. Si la survie des juvéniles est menacée, la situation pourrait perdurer. « Les mesures font mal, mais il y a aussi de bons exemples, une efficacité certaine dans les cas de celles prises pour l'anchois ou le thon rouge », rassure Ronan Le Goff.

    Salon européen des pêches  : mer, eau douce, sous-marine, bateaux. Vendredi 13 et samedi 14 (10 h à 19 h) et dimanche 15 (10 h à 18 h). Parc des expositions de Nantes. Entrée 6,50 €. Réduit 4 €.

    Cyrille PITOIS.

    Alain Cadec : « Chacun est un peu jaloux de préserver son activité »

    Alain Cadec

    Alain Cadec est député européen, président de la commission de la pêche au Parlement européen.

    En quoi la pêche de loisir pèse sur la préservation de la ressource ?

    Elle a un impact réel sur les espèces nobles comme le bar, la daurade ou le lieu. L'enjeu est donc d'organiser, au mieux, la cohabitation entre pêche de loisir et professionnelle pour préserver la ressource, notamment le bar. Tous les utilisateurs de la mer sont condamnés à s'entendre pour aboutir à des mesures raisonnables. La pêche de loisir a déjà fait un pas en acceptant d'interdire les captures en dessous de 42 cm. C'est une démarche courageuse quand la réglementation européenne prévoit seulement une interdiction au-dessous de 36 cm.

    Pourquoi a-t-on dû prendre des mesures d'urgence qui touchent surtout les pélagiques ?

    L'urgence n'est jamais une solution très agréable. Mais les scientifiques ont tiré la sonnette d'alarme. Le pouvoir politique doit trouver un compromis qui permette aux pêcheurs professionnels de vivre de leur métier, à la pêche récréative de poursuivre ses activités et à la ressource d'être préservée. La mesure d'urgence va déjà permettre de laisser le bar frayer tranquille.

    Pourrait-on envisager d'interdire la pêche du bar aux plaisanciers pour préserver l'activité des professionnels ?

    Non, car la pêche récréative cache aussi une industrie : les bateaux, les leurres... il y a toute une activité économique à préserver. La Commission européenne pense à une mesure spécifique au loisir qui pourrait limiter à une prise par jour et par personne. Je constate qu'il y a une véritable prise de conscience collective qui se fait. Mais chacun est forcément un peu jaloux de préserver son activité.

    Recueilli par Cyrille PITOIS. Ouest France

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  • Conseils pour le pêcheur à pied responsable

    Rédigé par :

    Julie Pagny (GIPBE)

    En collaboration avec : Franck Delisle Vivarmor Nature (GEPN) ,  Gérard Véron Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer de Brest (Ifremer Brest) , Jacques Doudet (crpmem) ,  Thierry Panaget Agence régionale de santé Bretagne (ARS Bretagne)

    Pêcheurs à pied amateurs

    La période estivale est propice aux petites virées au bord de la mer… à la recherche de coquillages et crustacés. Malheureusement, la méconnaissance des bonnes pratiques et du milieu naturel, pourrait, à terme, faire disparaître la ressource mais aussi une activité traditionnelle.

    Tout le littoral n’est pas autorisé à la pêche à pied de loisir. Certaines zones littorales peuvent provisoirement être fermées en raison de la dégradation naturelle ou d’origine humaine du milieu, rendant les coquillages impropres à la consommation. Suite aux résultats du réseau de surveillance de l'Agence régionale de santé, les zones de pêche à pied de loisir sont classées en quatre catégories : A, B, C et D selon leur degré de salubrité. La pêche en zone C est interdite et de fait dans les zones D interdite à toute exploitation, à tout type de pêche. Les zones classées en zone B sont déconseillées. Les gisements de classe A sont les seuls qui offrent des conditions sanitaires acceptables même si le risque nul n’existe pas.

    En 2008, 26,2 % des sites contrôlés étaient interdits à la pêche à pied.
    La pêche à pied peut être interdite en permanence. C’est le cas à l'intérieur de la limite administrative des ports ou dans certaines zones protégées comme c’est le cas sur près de 100 hectares dans l’archipel des Sept-îles, réserve naturelle nationale.

    Tous les sites de pêche à pied dont les contrôles sanitaires ont révélé une contamination font l’objet d’un arrêté préfectoral portant interdiction de ramassage des coquillages. Cet arrêté est alors consultable en mairie et affiché à l’entrée du site. Il est de la responsabilité des amateurs de pêche à pied de se renseigner avant de pratiquer leur activité. De plus, la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales met en ligne sur son site internet les sites faisant l’objet d’interdiction illimitée de ramassage de coquillages.
    Il faut garder à l’esprit que la totalité du linéaire côtier n’est pas surveillée pour le paramètre microbiologie. Donc, avant de partir pêcher, il faut s’assurer que le site se situe dans une zone contrôlée.

    Respecter les périodes de prélèvement

    En 2008, l’enquête réalisée par VivArmor Nature indique que 83 % des pêcheurs à pied ne connaissent pas les tailles minimales de capture ou les périodes de prélèvement des animaux pêchés. Pourtant, une pratique mesurée et effectuée avec quelques précautions très simples permet d’assurer la pérennité de la ressource et de l’activité de pêche à pied.
    Pour se faire, il est nécessaire que les juvéniles arrivent à maturité pour pouvoir se reproduire.
    Il est déconseillé de prélever des femelles ayant des œufs. Pour les crevettes, les crabes ou les araignées, elles sont facilement identifiables.
    Les périodes de fermetures, pour certaines espèces, permettent à la ressource de se reconstituer. Les limitations journalières de capture, valables pour toutes les espèces, s’appliquent aussi en ce sens.

    Pratiquer une pêche respectueuse de l’environnement et sans danger pour le pêcheur

    Bien pêcher ? C’est :

    • respecter les tailles minimales de capture fixées par la réglementation (préservation des espèces) ;
    • pêcher des spécimens vivants immergés ou récemment émergés ;
    • ne pas prélever des femelles ayant des œufs ;
    • rafraîchir les coquillages lors de la pêche ;
    • replacer les cailloux retournés dans leur position initiale et ainsi respecter la faune (le retournement provoque une perte de biodiversité de l'ordre de 30 %, ce qui est considérable) ;
    • si on utilise les algues pour protéger les coquillages pendant le transport, ne pas les arracher mais les couper au couteau à 10 cm de leur base ;
    • ne pas utiliser des outils destructeurs pour le milieu. Il faut utiliser des outils homologués ;
    • ne pêcher que le nécessaire à sa consommation pour ne pas piller la ressource ;
    • ne pas vendre les produits de la pêche à pied. Cela est strictement interdit.

    Attention, la pêche à pied est permise uniquement du lever au coucher du soleil.

    Bien consommer ? C’est :

    • laver soigneusement les coquillages ;
    • ne pas laisser les coquillages à la chaleur ;
    • consommer les coquillages le jour même ;

    Attention, la cuisson permet seulement de réduire les risques microbiologiques mais pas ceux liés à la présence de toxines et de métaux lourds.

    Quelques conseils de sécurité pour le pêcheur :

    • respecter les interdictions d’accès et tenir compte des avertissements (panneaux, affiches) placardés près des accès au platier ou sur les panneaux d’affichage de la mairie du lieu de pêche ;
    • prendre connaissance de l’heure de la marée montante (presse locale, indicateurs de marée chez les marchands de journaux, office de tourisme) ;
    • préférer une zone de pêche contrôlée au niveau sanitaire. Toutes ne le sont pas. D’une manière générale, éloignez-vous des milieux présentant des risques de contamination : rejets et écoulements suspects, ports, zones de mouillages et estuaires ;
    • ne pas aller pêcher seul et prévenir quelqu’un de l’endroit et de l’heure du retour ;
    • se méfier des zones où il n’y a personne ;
    • ne pas manipuler d’objet suspect, ne pas poser les pieds dessus (déchets dangereux) ;
    • emporter une boisson pour éviter la déshydratation ;
    • prévoir des vêtements et chaussures adaptés ;
    • penser que le téléphone portable ne fonctionne pas toujours ;
    • se renseigner localement sur les endroits infranchissables à marée haute ;
    • estimer le temps que l’on va passer sur l’estran, y compris pour revenir au point de départ sécurisé.

    Le tableau ci-dessous, non exhaustif, propose une présentation globale. Chaque département peut proposer des périodes de pêche, des quantités maximales quelque peu différentes selon les espèces présentes sur leur secteur et ce en fonction de problématiques locales. Un arrêté ministériel ou un arrêté préfectoral peut modifier à tout moment ces références. Il faut donc se renseigner à chaque sortie d’une éventuelle évolution auprès des Directions départementales des affaires maritimes ou des mairies.

    Tailles, périodes et outils - recommandations pour la pêche à pied :

    Quelques exemples non exhaustifs des tailles minimales des espèces couramment pêchées en Bretagne, les périodes de pêche et les outils autorisés à la pêche à pied.

    Règle de pêche à pied de Vivarmor nature :

    téléchargez la règle des tailles règlementaires des coquillages et crustacés pêchés à pied. La version immergeable est distribuée au local et sur les sites d'étude de Vivarmor nature.Vous pourrez emmener cette règle lors de vos sorties de pêche pour vérifier les tailles de vos prises.

    Sources

    Synthèse des résultats finaux de l'enquête Ifremer sur la pêche de loisir en mer - Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer et Institut BVA - 2009

    Pêche à pied de coquillages

    Surveillance sanitaire des coquillages et sites de pêche à pied de Bretagne La pêche à pied dans la réserve naturelle de la baie de Saint-Brieuc

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    Pêche à pied : les alertes sanitaires diffusées en ligne

     

    Retour de pêcheRetour de pêche

     

    Le site Web pecheapied-responsable.fr annonce désormais les interdictions temporaires de pêche à pied de loisir en Bretagne. Une précaution indispensable pour une pratique sans risque. Car les gisements bretons ont tendance à se dégrader.

    L’agence régionale de Santé en Bretagne est chargée du contrôle microbiologique des gisements naturels des coquillages exploités en pêche récréative. En 2013, sur les 71 sites contrôlés, 3 % étaient de bonne qualité, 78 % de qualité moyenne ou médiocre, et 20 % de mauvaise qualité [ 1].

    La pêche à pied récréative de coquillages peut toutefois se pratiquer sur une grande partie du littoral breton à condition de s’informer préalablement sur la qualité sanitaire du site et de respecter les interdictions permanentes ou temporaires.

    En savoir plus :

     

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  • Gwénaël Pennarun est adjoint au maire de la commune de Combrit. Il est chargé des affaires portuaires. Lire ci dessous l'article publié sur lemonde.fr .

    Le Monde | 07.05.2014 à 09h57  Par Angela Bolis

    Gwénaël Pennarun pêche le bar et le lieu jaune au large de Sainte-Marine, autour des Glénan en Bretagne.

    Gwénaël Pennarun est pêcheur aux confins de la Bretagne, là où l’Europe s’arrête dans l’océan. En cette saison, il part en mer sept jours sur sept, de 8 heures du matin « jusqu’à ce que ça ne morde plus ». Généralement seul sur son bateau d’une dizaine de mètres, il connaît ce coin de l’Atlantique autour de l’archipel des Glénan comme sa poche. Le matin, il y pêche au filet quelques kilos de lançons, des petits poissons argentés qui lui serviront d’appât, puis il traque les bancs de bars, un poisson noble. Il arrive à Gwénaël Pennarun de rentrer bredouille de sa journée en mer. Mais ce jour-ci, avec sa simple canne à pêche, lançant sa ligne dans la mer houleuse et moulinant sans cesse, il sort de l’eau, en quelques heures, plus de 30 kilos de bars et autant de lieus jaunes.

    La méthode est artisanale et l’on devine que la quantité de poissons tirés des flots ne videra pas l’Atlantique. Mais la petite pêche bretonne est régie par l’Union européenne au même titre que les navires-usines ou les grands chalutiers pélagiques, depuis la première politique commune de la pêche (PCP) en 1982. Cette PCP est réformée tous les dix ans. Sa dernière version, adoptée en décembre, va entrer en vigueur grâce au plan de financement approuvé mi-avril par le Parlement européen.

    Gwénaël Pennarun pêche essentiellement le bar et le lieu jaune, à la ligne, seul sur son bateau de moins de 12 mètres.

    Pour Gwénaël Pennarun, elle va plutôt dans la bonne direction. « Pour la première fois, au moins, les eurodéputés ont découvert qu’il existait une petite pêche. Parce qu’avant, à Bruxelles, ils ne voyaient vraiment que les gros. » Le marin cite en premier lieu l’article 17, sur lequel les petits pêcheurs comptent tout particulièrement pour défendre leurs intérêts. Celui-ci préconise d’inclure « l'impact de la pêcherie sur l'environnement » et sa « contribution à l'économie locale » parmi les critères d’attribution des droits de pêche par chaque Etat.

    Gwénaël Pennarun estime que ces résultats « encourageants » sont le fruit des efforts de lobbying des petits pêcheurs, qui n’ont pas les mêmes moyens que la pêche industrielle pour aller défendre leurs intérêts dans les couloirs du Parlement européen. Peu avant l’adoption de la réforme, ils ont fondé l’association Life, pour Low Impact Fishers of Europe, qui revendique plus de 5 000 petits pêcheurs de France, du Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Pologne, d’Espagne, de Grèce et de Croatie. L’association, financée par une fondation anglaise, a prévu de salarier un directeur de communication qui sera chargé du lobbying à Bruxelles.

    JEUX ET ALLIANCES AU TEMPLE DU LOBBYING

    « Quand on s’est réunis pour la première fois entre petits pêcheurs français, on a vite compris qu’on ne pourrait pas faire bouger grand-chose au niveau national. Il fallait agir au niveau européen. C’est grâce à des ONG comme Greenpeace, qui nous ont poussés à nous allier entre pays, nous ont mis en contact, nous ont défrayés, quon s’est finalement associés, parce que sinon nous, on serait restés chacun dans notre coin », se souvient le marin-pêcheur.

    La collaboration des pêcheurs artisanaux avec ces grandes ONG environnementales se résumera surtout à un soutien logistique ponctuel, et leurs points de vue ne convergent pas toujours. Par contre, pour le ligneur breton, les intérêts à défendre sont globalement les mêmes pour tous les petits pêcheurs européens. « Qu’on soit en Grèce ou en Allemagne, c’est toujours le même problème, on est bouffés par les gros qui puisent les ressources. Aujourd’hui, c’est sûr qu’on trouve moins de poissons qu’il y a dix ans. Les grands chalutiers se rapprochent de plus en plus des côtes, près de nos zones de pêche, pour réduire les coûts de gazole. Et quand ils se mettent à vendre les mêmes espèces que nous, ils font chuter les cours. Le problème pour nous tous, c’est qu’on n’est pas soutenus face à ces grands armateurs. »

    Gwénaël Pennarun pêche essentiellement le bar et le lieu jaune à la ligne, seul sur son bateau de moins de 12 mètres.

    L’une des raisons de ce manque de représentativité dans les institutions européennes est tout simplement matérielle, poursuit le marin-pêcheur. « Les gros armements, ils ont des représentants dédiés au lobbying qui sont constamment à Bruxelles, et pendant ce temps, leur bateau est en mer. Moi quand je vais à Bruxelles, le bateau est à quai pour une journée ou plus, et je perds de l’argent. Et encore, j’ai de la chance, avec un collègue, on partage en deux ce qu’il pêche… » Résultat, pour Stéphane Baucher, très présent à Bruxelles pour l’association écologiste Oceania 2012, créée à l’occasion de la nouvelle PCP, « la petite pêche n’a quasiment pas été entendue. A Bruxelles, ce qui est positif, cest que tout le monde peut s’exprimer. Mais quand vous représentez le port de Lorient, on vous prête une autre oreille que quand vous êtes petit ligneur sur la pointe bretonne », résume-t-il.   

    « C’est sûr que les petits pêcheurs sont les moins structurés », estime aussi Alain Cadec, député européen et vice-président de la commission pêche, qui se dit « en permanence sollicité » par les différents lobbies. « Au final, les plus gros lobbyistes, devant même la grande pêche, ce sont les ONG environnementales, assure-t-il. Mais je ne ferme jamais mon bureau à personne, les élus locaux, les parlementaires nationaux, les ministres de la pêche, les professionnels... Bruxelles, c’est un système un peu anglo-saxon, un lobbying transparent, réglementé, avec des gens répertoriés qui ont leur carte de lobbyiste. On discute, on rapproche nos points de vue : c’est important pour former nos idées avant d’aller voter. »

    DE BRUXELLES AUX LIGNEURS BRETONS, UN IMPACT DIRECT

    Sous-représentés, les petits pêcheurs sont pourtant directement concernés par les lois européennes, face auxquelles ils se sentent parfois pénalisés. Exemple le plus flagrant : les quotas de pêche, soit le stock de poissons d’une espèce que l’UE autorise à pêcher selon les Etats.

    Pour Gwénaël Pennarun, il est discriminant que la pêche d’une espèce, une fois le quota atteint, soit fermée pour les gros comme pour les petits pêcheurs, les premiers ayant bien plus contribué à épuiser la ressource que les seconds. Dans le cas du lieu jaune, une espèce vitale pour les ligneurs bretons, ces derniers ne doivent leur salut qu’à l’actuelle tolérance de l’organisation de producteurs qui gère l’application locale de cette réglementation, et ferme la pêche plus tôt pour les gros armements, afin que les plus petits terminent leur saison. De manière général, pense Gwénaël Pennarun, « ces quotas sont là pour sauver la grande pêche, pour montrer qu’on fait quelque chose, au lieu d’interdire vraiment les méthodes de pêche les plus destructrices ».  

    Gwénaël Pennarun sur son bateau de pêche, le bélouga.

    Dans l'Union européenne, après plus de trois décennies de PCP, près de 90 % des réserves halieutiques sont surexploitées, d’après Maria Damanaki, commissaire européenne à la pêche depuis 2009. La même année, la Commission définissait la situation de la pêche communautaire par « une surexploitation des stocks, une surcapacité des flottes de pêche, de fortes subventions, une faible résilience économique et une baisse des quantités de poissons capturées par les pêcheurs européens ».

    La nouvelle PCP pourrait changer la donne, notamment en fixant d’ici à 2020 un objectif de rendement maximal durable, afin de ne pas pêcher plus que ce que l’océan peut produire. Reste à mettre en œuvre, au niveau national, ces grands principes européens. La prochaine bataille, pour Gwénaël Pennarun, se passera au niveau du ministère, avec le secrétaire d’Etat chargé de la pêche Frédéric Cuvillier, également maire de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français. Or « à ce niveau là, on n’est pas encore du tout entendus, c’est catastrophique », regrette le pêcheur. Greenpeace a accusé le Boulonnais de mépriser la petite pêche artisanale, qu’il a comparée à une « pêche de loisirs » dans La Voix du Nord, pratiquée à l’aide de « barques » dans une audition assez édifiante à l’Assemblée nationale, comme le montre la vidéo ci-dessous :

    Pourtant d’après la plateforme de la petite pêche, ces pêcheurs artisanaux travaillant sur des bateaux de moins de 12 mètres représentent « près de la moitié des marins-pêcheurs français et plus de 80 % des bateaux de pêche en France, [et] au niveau européen, 65 % des emplois directs et 83 % de la flotte ».

    Retour de pêche pour Gwénaël Pennarun et ses confrères dans le port de Sainte-Marine sur la pointe de la Bretagne.
     
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  • Festival du film : Pêcheurs du monde

    Les pêcheurs du monde seront en tête d’affiche à Lorient du 25 au 30 mars 2014 lors de la sixième édition du Festival International de Films « Pêcheurs du Monde ».

    Au menu de la sixième édition de ce festival original, parce qu’uniquement consacré aux pêcheurs, 38 films engagés et exigeants, tous centrés sur les pêcheurs et filmés aux quatre coins de la planète. Le Festival navigue à la rencontre de pêcheurs de 20 pays et propose 18 réalisations étrangères dont des films de grande qualité esthétique et artistique sélectionnés et primés dans des festivals de films internationaux, ainsi que des inédits. 13 films sont en compétition dont 8 long-métrages et 5 courts-métrages.

    Dans les filets 2014, de véritables œuvres d’art, comme le poétique long-métrage portugais A Maē o Mar de Gonçalo Tocha, sur les dernières femmes pêcheurs du Portugal, ou le contemplatif Night Labour, des américains David Redmon et Ashley Sabin, déjà lauréats du festival 2013. Le Festival propose aussi de grands récits d’aventure, comme Survivre de l’islandais Baltasar Kormakur, l’histoire vraie d’un pêcheur naufragé en pleine mer, présenté en soirée d’ouverture.

    De nombreux films dénoncent la brutalité de la mondialisation, comme l’italien Il Limite de Rossella Schillaci, filmé sur un chalutier sicilien ou le cambodgien A River Changes Course de Kalyanee Mam, sur les effets de la déforestation et de la surpêche au Cambodge, un film primé au Festival de Sundance 2013. L’édition 2014 présente aussi de nombreux films courts. Certains sont directement produits par des organismes de pêcheurs comme Pêcheur(s) de langoustines du CDPMEM du Finistère avec leur propre regard sur leur métier. Une belle sélection de documentaires français et locaux sur les enjeux sociaux et humains ainsi que sur l’impact écologique de la pêche, sont à l’affiche et ouverts aux débats.

    Deux expositions photos accompagneront le Festival : Portraits d’équipages-Port de Pêche de Lorient de Robert Le Gall à la gare maritime de Lorient du 10 au 22 mars, puis sur le site pendant la durée du Festival, et l’exposition Des hommes pour un navire de Bernard Lagny à Océanis de Ploemeur du 11 au 30 mars. L’artiste lorientaise Catherine Raoulas présentera son album photos Deep Sea réalisé sur un chalutier lorientais le vendredi 28 mars à 20h30. Des animations sur les marchés de Ploemeur et de Merville à Lorient, proposées par le CCSTI-Maison de la Mer/ Lorient et Le CFA filière poissonnerie, complèteront ce programme.

    Lieu de rencontres et d’échanges, Le Festival a projeté plusieurs centaines de films étrangers et français depuis sa première édition en 2008 et il a accueilli à sa dernière édition près de 2000 spectateurs. Le port d’attache du festival est à Lorient, la ville aux cinq ports, à la salle Paul Ricoeur du Lycée Dupuy de Lôme. Un jury composé de professionnels de la mer et du cinéma et un jury Jeune composé de lycéens décernent les prix du Festival et du jury Jeune. En plus de leur présence au sein du jury Jeune, les lycéens du Lycée professionnel et aquacole d’Etel sont devenus cinéastes et proposent un film sur leur métier vendredi 28 mars.

    Embarquez avec le Festival pour :

    • Une soirée Avant première le mardi 25 mars à 20h à la salle Keragan (Océanis, Ploemeur) en entrée gratuite avec la projection du court-métrage Les grandes marées de Mathias Pardo avec Denis Lavant sur l’émouvante relation d’un père et d’un fils tous les deux pêcheurs, et le long-métrage Au cœur de la tourmente de Vincent Perazio et Herlé Jouon sur les dangers de la pêche dans le Pacifique Sud.

    • Une soirée d’ouverture le mercredi 26 mars, à 20h30 au Cinéville de Lorient au tarif unique de 5€, avec Survivre de Baltasar Kormakur, l’histoire vraie d’un pêcheur abandonné en pleine mer.

    • Une sélection de 24 films en sélection Reflets du monde du 27 mars au 30 mars dont 13 films en compétition à la salle Ricoeur du lycée Dupuy de Lôme. Pass festival : Plein tarif : 22€*. Tarif réduit : 10€* (* catalogue offert), le Pass journée : Plein tarif : 8€. Tarif réduit : 5€. le Pass séance : Plein tarif : 5€ . Tarif réduit : 3€.

    • Une sélection La Boîte à films les 29 et 30 mars (entrée gratuite, salle G de Gennes, Lycée Dupuy de Lôme) et des Séances lycées en entrée gratuite, salle Ricoeur.

    Avant-première

    Mardi 25 mars à 20h. Océanis de Ploemeur. Entée gratuite. Les grandes marées de Mathias Pardo avec Denis Lavant. Court métrage. 15’. Sur la mer, Lucas et son père ne se comprennent plus. Tous les deux, pêcheurs sur un caseyeur de Concarneau, ils n’ont pas les mêmes aspirations. Lucas rêve d’amour et de musique, Marc d’alcool et de femmes faciles. Meilleur film de plus de 15’ au Festival International du court-métrage de Palm Springs, 2013. Mention spéciale du jury jeune au Festival Tous Courts d’Aix-en Provence, 2013. Au cœur de la tourmente de Vincent Perazio et Herlé Jouon. Documentaire. 52’ France. Être pêcheur, c’est affronter les éléments. Dans le Pacifique, à l’extrême sud de la Nouvelle-Zélande, la pêche aux casiers est extrêmement réglementée, terriblement dangereuse. Dans le Détroit de Magellan, trois pêcheurs chiliens doivent plonger dans l’eau glacée pour aller récolter des oursins au fond de la mer.

    Soirée d’ouverture

    Mercredi 26 mars à 20h30. Cinéville. Lorient. tarif unique de 5€ Survivre. Balthasar Kormakur. Islande. 93’ Dans la nuit Islandaise, des marins embarquent pour une marée dans une nature rude et houleuse et c’est le drame, le bateau plonge dans les eaux. Les marins pêcheurs périssent tous. Tous sauf un, qui nageant six heures dans le froid, rejoint la côte et raconte…

    Tarifs Festival

    Avant-première, salle Keragan (Océanis, Ploemeur) : entrée gratuite

    Soirée d’ouverture, Cinéville : tarif unique : 5€

    Séances lycées, table ronde et sélection la Boîte à films : entrée gratuite

    Sélection Reflets du monde et films en compétition, salle Ricoeur :

    Pass festival : Plein tarif : 22€* / Tarif réduit : 10€* * catalogue offert Pass journée : Plein tarif : 8€ / Tarif réduit : 5€ Pass séance : Plein tarif : 5€ / Tarif réduit : 3€ Tarifs réduits : scolaires, étudiants, demandeurs d’emploi et adhérents festival

    Adresses des lieux de projections

    Salle Keragan, Océanis, boulevard François Mitterrand, 56270 Ploemeur Salle Ricoeur, lycée Dupuy de Lôme, 4 bis rue Jean Le Coutaller, 56100 Lorient Salle Gilles de Gennes, lycée Dupuy de Lôme, 4 bis rue Jean Le Coutaller, 56100 Lorient Cinéville, 4 boulevard Maréchal Joffre, 56100 Lorient

    Découvrez la cuvée 2014 et nos nombreux rendez-vous sur notre site internet, http//www.pecheursdumonde.org . Pour plus d’informations sur le Festival contacter FESTIVAL INTERNATIONAL DE FILMS « PECHEURS DU MONDE »1, avenue de la Marne – 56100 Lorient - Tél. : 02.97.21.15.63/ Fax : 02.97.64.64.32 festivalpecheursdumonde@yahoo.fr

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